Le récit du voyage

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Vendredi, Louxor et Karnak


Saint Valentin (sans Valentin, resté à Paris à garder le fiston de 3 ans 1/2)

6h45 : du bruit au plafond… C'est pas vrai, je rêve ! Jamais on ne pourra dormir après 7 heures dans ce fichu pays ! Nous sommes au troisième étage, juste sous le pont.

Comme je sais que je ne dormirai plus, je me lève et je monte. Il fait beau mais frais. Un homme de ménage passe l’aspirateur : voilà la cause de mon réveil ! !

J'aperçois Jean, un tout jeune retraité, qui attend le passage de l’écluse avec son appareil-photo. C’est bien un truc de mec ça : la technique, la mécanique et tout ce qui va avec ! !

Je redescends me recoucher cinq minutes… Je bouquine, j’écris quelques notes. Je me retourne. Je me re-lève et je m’habille. Je suis prête, au garde-à-vous, pour le petit déj’.

Ensuite, tous sur le pont pour le passage de l’écluse car il n'y a que ça à faire ce matin. Comme je serai plutôt du genre à papoter chiffons et histoires de cœur, qu’à restée scotchée sur le déroulement du passage de ladite écluse, mes copines et moi ne nous sommes aperçues de rien.

Comme nous naviguons, Hazem nous réunit pour terminer sa «conférence ». Je l'avais presque oubliée, celle-là.

Je résume : l’Egypte est un poids lourd du monde arabe (traduire : le plus peuplé). Tout le pouvoir est entre les mains du Président (Moubarak, pour ceux qui ne suivent pas l’actualité). Les femmes égyptiennes peuvent être juges, doyens de faculté, etc.. mais apparemment pas femmes de ménage. Les mariages sont arrangés quelle que soit la religion et le concubinage est interdit. Pour coucher à l’hôtel, un couple doit absolument présenter son livret de famille. Sinon, pas possible. La police des mœurs veille… Commentaire de Ginette, toujours célibataire : « c’est pas ici qu’il faut venir chercher un homme ! ! »

Du coup, dégoûtée, elle monte bronzer sur le pont. Je la suis…

Après le déjeuner, nous partons pour Karnak ! ! ! Temple immense.

« Bienvenue, mécherzami, dans le temple de Karnak ! »

On traîne pas mal dans ce temple, le plus grand (en surface au sol) qu’on ait visité jusqu’à présent.

Puis, halte à la fabrique de papyrus. Une jeune fille aux très beaux yeux mais boutonneuse comme mon clavier de micro, nous fait la démo. A la première question posée, elle est complètement perdue ! ! A croire qu’elle a appris son texte phonétiquement ! ! Pas très grave, on ne va pas se mettre à en fabriquer à la maison !

On reste un bon moment à tergiverser sur nos achats, devant une exposition très kitch … J'ai pas dépensé grand chose, je dois l'avouer.

Puis, visite du temple de Louxor, à la nuit tombante. C’est très joli. Bizarrement, ce qui m'a le plus marqué, c'est la mosquée suspendue, avec des lampions illuminés et sa porte à flan de paroi; ouverte sur le vide … le temple ayant été redécouvert et désensablé bien après l'édification de ladite mosquée.

Puis, nous nous rendons à l’église copte pour déposer des dons. C’était convenu dans l’organisation initiale de notre voyage : notre C.E. encourage des actions solidaires dans les pays où il organise un voyage.

Une église copte, Ca tient de l’église orthodoxe avec l'iconostase et du patronage avec plein de monde partout, qui discute, reste assis à ne rien faire. Celle-ci datait de deux siècles et était en pleine réfection.

Les gens qui viennent prier, s’approchent de l’autel, se déchaussent pour monter sur l’estrade couverte de tapis, restent debout les bras ouverts, paumes des mains ouvertes vers le ciel. Certains viennent embrasser les icônes, d’autres non. Puis signes de croix orthodoxes (à l’envers du catho), redescendent, se rechaussent et partent.

Nous attendions Hazem, parti accompagner une partie du groupe au son et lumière de Louxor.

Nous sommes restés un bon moment à l’attendre et nous mettions à ressentir tous un certain malaise dans cette église. Beaucoup d’entre nous étaient cathos et ne se retrouvaient pas dans cet endroit ! ! De plus, personne ne parlait anglais, à part un gars qui a essayé de faire le guide et tenté d’extorquer quelques-uns de nos dons pour son propre usage. Double malaise.

Moi-même, pourtant issue d'une famille en partie grecque orthodoxe, j'ai ressenti ce malaise, comme si j'étais encore moins à ma place ici que dans le temple de Louxor, 20 mètres plus loin.

Tout s’est arrangé au retour d’Hazem. On a donné nos trucs, reçu la bénédiction du pope et en route pour le bateau.

20 heures : dîner. C’est le dernier sur le bateau.

Y'a les valoches à faire après… Aie, va-t-on arriver à tout faire rentrer … ?

… OUIIIIII ! !

On a tous un pincement au cœur à l’idée de quitter ce bateau. On y était bien choyés, chouchoutés. Les hommes de ménages nous faisaient des blagues dans les chambres ou nous chantaient des chansons d'amour. …

Comme des poulettes en pâtes ! ! !

On traînaille avec déjà de la nostalgie dans le regard et la démarche fatiguée.

Ca ressemblerait presque à du chagrin.. Disons, que c’est déjà un gros coup de blues.

Nous sommes le 14 février 2003 et Hazem est atterré car il vient d'entendre que les Américains auraient déjà bombardé l’Irak. Pour lui, une guerre au Moyen-Orient, c’est le chômage technique assuré. Il nous l’a répété maintes et maintes fois.

Il est fatigué ce garçon. Il nous couve quelque chose… Mais je comprends sa panique et son désarroi.

La plupart des collègues et amis présents sont tristes pour lui, pour son pays auquel nous nous attachons presque au-delà de ce que nous attendions.



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