Le récit du voyage

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Lundi, Abydos et Denderah


Debout à 6h30. déjeuner à 7. C’est la dure loi du touriste en Egypte.

A 8 heures, notre car part pour Abydos. Nous voyageons en convoi, encadrés de la police touristique.

Certains demanderont : « mais puisque vous étiez sur un bateau, pourquoi ne naviguiez-vous pas ? ».

Plusieurs raisons à cela :

Il y a beaucoup de bateaux touristiques à Louxor. La circulation ne doit pas être très évidente. D’autre part, il existe des bancs de sable. Donc, certaines semaines, ça passe, certaines semaines, ça ne passe pas.

Toutefois, le voyage en car a quelques avantages : nous traversons les villages d’un peu plus près qu’en bateau. Je ressens beaucoup de calme et de légèreté en contemplant le paysage mais ça ne m'empêche pas de voir aussi une pauvreté crasse mais pas de misère noire. Les maisons sont en briques crues (pour conserver la fraîcheur), marronnasses, ce qui ajoute à la désolation. Les cours sont miteuses, peu entretenues. Pas de jardinières fleuries aux balcons, ni de rideaux à nœuds-nœuds, comme en Europe ! ! Ce qui peut être essentiel pour nous ne l’est peut-être pas pour eux.

Les marchés locaux sont, par contre, bien approvisionnés en produits de première nécessité (légumes, fruits, viande…). Bon, pour la viande, il ne faut pas être difficile. Car, en plein air, pas de vitrines réfrigérées. C’est découpé à la va-comme-j’te-pousse. Pour moi, fille de boucher, c'est assez gerbatif ! Ca me rappelle l'Algérie, ce commerce brut, sans chichis de présentation, ni même d'hygiène élémentaire estampillée par la Commission Européenne. Cela dit, je ne suis jamais tombée malade en mangeant ces produits-là.

Les gosses, un peu craspecs dans l'ensemble, ont l’air en bonne santé. Ils sourient en nous saluant de la main au passage du car. L’allure de vie est lente, comme dans tous les pays du Sud. Faite pour durer un million d’années, comme disait feu mon camarade Nino …. Et toujours en été...

Un rythme qui me conviendrait assez bien, somme toute.

La Haute Egypte que nous traversons est essentiellement rurale. Quelques villages en bord de fleuve. Quelques bourgades avec école, poste de police évidemment et le portrait de Moubarak à l’entrée, toujours ! ! J’imagine Asnières sur Seine, avec la photo de Chichi à l’entrée. Impensable !

On arrive vers11 heures à Abydos. Ce nom me rappelle le feuilleton Stargate SG1. C’est surtout ma fille qui me le rappelle.

Là, au milieu de la bourgade, le temple d’Osiris. C’est là, que selon la légende, Isis, son épouse et sa sœur aussi, retrouva sa tête, après qu’il fut tué par son frère, le méchant Seth.

Les fresques y sont superbes. Ce temple fut édifié sous deux pharaons, Seti 1er et son fils, Ramsès II. La différence de style sous les deux pharaons est frappante. Sous Séti 1er, les fresques sont très finement taillées et en relief. Sous Ramsès II, en creux et beaucoup plus grossières, voire plus « imposantes », comme tout ce que fit ce pharaon un peu mégalo.

En fait, selon les explications d'Hazem, la fresque creusée est difficilement effaçable et se voir rayé de l’histoire, ça, Ramsès II, l’usurpateur, ne le voulait à aucun prix.

Mes collègues et moi sommes sous le charme de ce temple, dont les plafonds furent noircis par les feux de camps des premiers chrétiens pourchassés par les Gréco-Romains, lors de la période romaine.

D’ailleurs, les asiles que furent ces temples, déjà quasi-abandonnés dans l’Egypte Romaine, pour cette nouvelle religion, subirent malheureusement à leur tout le fanatisme du christianisme naissant. Osiris, Isis, Horus et tous leurs cousins, tous des idoles ! ! A mort ! ! Et que j’te manie le marteau le burin et que j’t'efface toutes les images des Dieux et Déesses ! !

Il fait bon, en sortant.

Il est midi et le chant des muezzins emplit le ciel de manière saisissante.

Sur le parvis de ce temple, haut-lieu de culte depuis plusieurs millénaires, je vis là mon premier grand frisson égyptien. Une compagne de voyage marseillaise, Rosine, ressent la même chose. La magie pure. L’énergie ambiante, comme une vibration cosmique ou quelque chose d’approchant.

Les muezzins de plusieurs mosquées voisines entame leur appel à la prière en même temps, dans un chant polyphonique d'une beauté irréelle, à couper le souffle. L'un d’entre eux possède d'ailleurs une superbe voix de baryton basse. Et au contraire de la plupart des appels à la prière urbains, ce sont de vrais bonshommes qui chantent, pas des bandes enregistrées… ! !

Des gamins viennent nous vendre des porte-bonheur en blé tressé, j’en achète un pour 1 livre égyptienne (un peu plus d’un feu franc français…). Il orne maintenant ma cuisine.

On doit manger dans le car. Les sandwichs ne sont pas géniaux, à la limite du beurk. Tant pis, le dîner n’en sera que meilleur.

Les femmes égyptiennes, peu nombreuses, que nous croisons sont pour la plupart vêtues d’un long voile noir qui laisse le visage découvert. Hazem nous précise qu’il s’agit là de femmes mariées. Les autres sont en foulard, telles qu’on peut les croiser dans nos banlieues européennes, et souvent vêtues de couleur.

Seules, les chrétiennes ne portent pas de fichu sur la tête. La tolérance y semble visible et tranquille. Les popes déambulent dans les rues, les sites archéologiques, majestueusement et tranquillement. Les églises sont visibles et bien entretenues. J’avais le souvenir du Maghreb où le port d’une croix suscite un regard inquiet, voire de rejet. Ici, ce n’est pas le cas.

Après le déjeuner, nous empruntons la route de Denderah, pour le temple d’Isis. Les Egyptiennes de l’antiquité y venaient pour demander à la déesse de favoriser une grossesse. Déjà mère de trois enfants et âgée de 47 beaux printemps, je ne ferai donc pas de prières !! Ce temple date de l’époque gréco-romaine. On trouve encore beaucoup de personnages (des dieux et des déesses) martelés.

Je me surprends toujours à vouloir regarder au-delà du temple, des fresques, vers l’horizon…

Je me sens bien.

On rentre vers 17h30 à Louxor, épuisés. La plupart d’entre nous a besoin d’aller chercher de l'argent frais en ville et Hazem nous donne rendez-vous à 18 heures pour un tour en calèche.

Quand le prix de 10 € la ballade d’une heure et demie en calèche, nous a été annoncé, nous avons trouvé ça un peu – beaucoup même – cher. Bonjour la belle commission !!! Bah, ça se trouve la semaine prochaine, il y aura la guerre et donc, plus de tourisme… Nous assumons donc notre rôle de vache à lait touristique avec dignité et sourire.

Un convoi de 5/6 calèches, ça fait du bruit.. et ça sent.. ! ! Forcément, sous nos latitudes européennes, les chevaux n’ont plus la même odeur champêtre… !

C’est bien agréable en attendant.

Nous passons devant l’entrée du temple de Karnak, en plein milieu d’une place, toute minus, toute vide, toute triste. Quelques jours plus tard, ce temple, en plein jour, nous apparaîtra bien différent.

Nous croisons quelques beaux hôtels dont l’un fut fréquenté par Lady Di en personne (avec ou sans Charles ou avec ou sans Dodi, je ne sais plus). Et alors, si Marie-Christine séjourne sur le « Sérénade », ça n’intéresse personne ? ?

A un moment, le calechier tourne à droite pour entrer dans une ruelle très animée. N’oublions pas que nous sommes la veille de la fête du Baïram. Les habitants de Louxor se préparent et donc achètent de quoi préparer le repas de fête du lendemain.

C’est bondé. Les étals regorgent de fruits, légumes, articles en tous genres, de vêtements bigarés suspendus, qui soit dit en passant, plairaient beaucoup à ma belle-mère. Les gens sont très calmes. Ils se poussent en souriant ou en nous ignorant mais je ne décèle aucune animosité ou nervosité.

C’est bien sympa, tout ça.

Nous rentrons vers 20 heures pour la soupe.

La veille, nous avions vécu un sketch avec un serveur qui ne savait plus à qui faire payer une bouteille d’eau (non comprise dans le forfait). Comme j’étais la seule à baragouiner anglais, j’étais donc son interlocutrice.

Le lendemain, il passe me voir en souriant : « My name is David ! !

pleased to meet you, David. I am Marie (je laisse tomber le Christine en passant, trop compliqué…)

Marrrie, like my sister..

Il est très charmant, mignon, efficace, ultra-souriant et un brin coquin. Anaïs me regarde de travers : « Maman, tu es mariée …». Faites des mômes, les filles ! Et surtout emmenez-les en vacances avec vous pour qu'ils vous cassent vos derniers coups possibles… !!!

Après le repas, je monte boire un Gin-Fizz avec Ginette, une collègue. Après tout, on est aussi en "vacances"…

Ma fille est partie se coucher patraque. Toute la durée du séjour, elle se plaindra de quelque chose de différent chaque jour (nausée, mal à l’estomac, mal à la gorge, mal au ventre.. ! "J'ai des glaires" fut son leit-motiv pendant une bonne partie du séjour… Très mignonne, comme gamine, à part ça…

On éteint les loupiotes et les yeux vers 23 heures !



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