Le récit du voyage

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Mardi et Edfou


Le muezzin nous réveille à 5 heures car aujourd’hui, c'est le Baïram … Plus mélodieux que le marteau piqueur du chantier de ma rue, mais tout aussi matinal !!!

Ca recommence à 7 heures. Le bateau avance maintenant tout doucement. Anaïs se sent mieux puisqu’elle a sympathisé avec des jeunes d’un autre groupe de français. Ils jouent aux cartes et se racontent leurs histoires de jeunes. Ouf ! ! Il était temps !

Arrivés à Edfou, nous prenons un petit car jusqu’au temple, en passant devant des calechiers assez remontés contre notre guide qui trouvait leurs engins trop sales pour nos augustes derrières européens, au point de faire pisser leurs bêtes presque à nos pieds… ! !

La place du marché est traversée au pas de course. Pas le temps de baratiner une babiole. C’est la fête : les gens revêtent aujourd’hui des vêtements neufs. Ils sont tout beaux, tout propres, tous jolis.

Nouveau lieu, nouveau temple : celui-ci est dédié à Horus, fils par l’opération du Saint-Esprit sous la forme d’Isis déguisée en oiseau, et d’Osiris déjà tenu pour mort et d’Isis.

Le temple d’Edfou est le mieux conservé d’Egypte car pendant des siècles, il était presque totalement enterré dans les sables du désert. Seuls les sommets émergeaient, dont les fresques encore visibles n’ont pas échappé aux marteaux fanatiques des monothéistes.

Dans l’enceinte du temple, une fresque superbe raconte le combat d’Horus contre Seth, l’assassin de son père Osiris, pour venger sa mère Isis. C'est l'ancêtre de la bande dessinée…

Nous croisons beaucoup d’Egyptiens venus se promener dans le temple comme pour se réapproprier leur passé. Enfin, c'est moi qui dit ça…

En rentrant sur le bateau, on a enfin le temps de faire une petite bronzette car le soleil semble timidement vouloir briller.

L'après-midi se passe à contempler les berges du Nil, puisque nous naviguons. Je m'installe sur un transat en compagnie de mes nouvelles copines.

Une Italo-grecque, une Espagnole et une Algéroise en flagrant délit de papotage méditerranéen sur un paquebot longeant le Nil, c'est le monde antique reformé pour l'occasion. Je suis toujours ravie de cette connivence naturelle des filles de la mer(mère ?) Méditerranée.

Ces filles du Sud, quelle que soit la rive où elles ont vu le jour, quelle que soit la confession à laquelle elles appartiennent, ont souvent cette intuition de la reconnaissance au premier coup d'œil... en raison de cette "légendaire" chaleur, cette facilité de contact, par la parole, d'abord, et très vite par le geste...

C'est un fluide perceptible au détour d'un regard noir ou s'il ne l'est pas, assombri au khôl, dans le soupir d'une phrase sur la mère, le fils et le saint-esprit, une main nonchalamment posé sur un sein. C'est une démarche chaloupée, prometteuse de délices nocturnes souvent inaccessibles car tabous…

C'est la question qui vient fouiller dans ta tête et ton corps, la confession intime immédiate sans épreuves éliminatoires, c'est un revers de la main sur la pudibonderie mais un cri violent pour protéger sa pudeur, face à l'autre, l'opposé, l'homme.

Du détroit de Gibraltar à Chypre, de Marseille au Caire, d'Athènes à Tunis, d'Alger à Smyrne, un geste, toujours le même. Un rond dans l'air d'une main souple et un soupçon de sourire en fermant les yeux "ah la la ". C'est la vie des femmes, avec leurs tonneaux de larmes, leurs soupirs d'aise et leurs joies simples. La vie, d'un revers de la main…

Au beau milieu de nos vies, de nos récits, je ressens là un très grand calme. La paix avec un grand P. Ce long fleuve qui sort des grands lacs enfermés...

Les berges sont calmes, sereines, juste entrecoupées ça et là d’un chant de muezzin ou du braiment d’un âne. Des champs, des prés, des champs, des prés, des petits villages et des gamins qui nous font des grands signes de la main.

On ne peut pas dire que le Dieu Ra veuille briller aujourd'hui. Il boude ou quoi ? ? Je suis en maillot de bain, quand même, na ! !

Le temps de se changer et à 17 heures, tea time. On nous présente le personnel … enfin, les chefs seulement, ceux qu’on ne croise presque jamais, d’ailleurs et dont on se fiche éperdument Je regrette qu’on ne nous présente pas TOUT le monde, même nos hommes de ménage qui sont de vraies fées du logis que j'en emmènerai bien un dans ma valise pour Asnières.

Une heure plus tard, le bateau est à quai à Kom Ombo où l’on visite le temple de … zut, je n’en sais plus rien… (Elle revient quelques minutes plus tard avec ses papiers)… HORUS LE GRAND et de SOBEK, le dieu crocodile. Le temple se situe au sommet d’une colline qui domine le Nil. Comme il fait nuit, il est illuminé. C’est magnifique.

Hazem nous montre une fresque où figure une ordonnance médicale. Tout comme au XXIème siècle après Jean-Claude ( !), la médecine était déjà, en Egypte pharaonique, à deux vitesses : il y avait la médecine du Pharaon (somme toute assez élaborée et qui donnait quelques résultats) et celle du commun des mortels, avec incantations magiques et tout le bazar…

Puis, une halte près du nilomètre – qui servait à mesurer la hauteur du Nil mais aussi à déterminer si on devait payer des impôts ou pas. Nil trop haut = crue = inondations = pas de récolte = pas d’impôts. Nil trop bas = pas de crue = ça dépend si sécheresse depuis longtemps ou pas et là, peut-être des impôts ou pas… capito ?

Retour à pied au bateau en flânant près des échoppes. Le baratin est devenu notre sport favori et notre principal contact spontané avec la population autochtone.

Dîner et coucher tôt car le lendemain, réveil à 5h45 ! ! ! ! ! !



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